Elections en Rdc, activités de la Maison Schengen, fermeture des consulats généraux de Lubumbashi et d’Anvers, réduction des fréquences de Brussels Airlines, modalités de fonctionnement d’ENABEL, …tous ces points ont été abordés par M. Philippe Bronchain, Chargé d’affaires de l’Ambassade de Belgique en République démocratique du Congo, qui a déclaré que les relations bilatérales entre les deux pays plient parfois, mais elles ne se rompent pas. C’était à l’occasion de la fête nationale belge, le samedi 21 juillet 2018 à Kinshasa.
Devant une foule immense composée des ministres, députés et sénateurs, ambassadeurs du corps diplomatique et consulaire, et bien d’invités sélects, le Chargé d’affaires de l’Ambassade de Belgique en République démocratique du Congo a, de prime abord, souhaité à tous la bienvenue à cette réception du 21 juillet dont la formule diffère quelque peu de celles passées. En effet, la manifestation a eu lieu un week-end, en début d’après-midi, dans un nouveau cadre abritant l’ambassade du Royaume de Belgique.
Quatre événements récents
Quelques événements sont inscrits parmi les plus marquants. L’année qui vient de s’écouler depuis la tenue de la dernière réception du 21 juillet a été, à maints égards, riche en événements. « Et je voudrais revenir plus particulièrement sur quatre d’entre eux qui auront de notre point de vue marqué cette année : le déménagement de l’ambassade, l’élection de la Belgique comme Membre non-Permanent au conseil de Sécurité des Nations-Unies pour 2019 et 2020, les relations bilatérales et la situation électorale dans laquelle se trouvent la RDC comme la Belgique d’ailleurs », a dit Philippe Bronchain.
Mais avant de développer ces quatre points, il est revenu sur la coupe du monde de football en Russie qui a tant fait vibrer le cœur des Belges, mais aussi celui de très nombreux Congolais qui se sont retrouvés dans l’équipe des Diables rouges. Et d’ajouter : « Cette troisième place est le résultat d’un travail remarquable mais aussi de valeurs aussi importantes que le sens du collectif et la volonté de gagner. Cette campagne de Russie aura été l’occasion de moments d’union et d’émotion, y compris à Kinshasa où des retransmissions des matchs ont été organisées ». D’où, « je saisis cette occasion pour formuler le vœu de voir l’équipe des Léopards se qualifier pour la prochaine coupe du monde en 2022 », a-t-il terminé ce chapitre.
Une ambassade dans un immeuble neuf
Le déménagement de l’ambassade est sans doute le premier fait maquant. Fin 2017, l’ambassade de Belgique a quitté un bâtiment datant des années 50 qui se trouvait sur la Place du 27 octobre, autrefois Place Braconnier, pour un nouvel immeuble flambant neuf, de 4 étages, le long du prestigieux Boulevard du 30 juin. Cette nouvelle ambassade, projet de grande envergure, qui a nécessité aussi bien une grande mobilisation des services de l’ambassade que du Service Public Fédéral des Affaires étrangères, est à la fois classique et innovante. Classique, car elle regroupe l’ensemble des services du poste à l’exception du traitement des visas de courte durée Schengen, géré depuis de très nombreuses années dans un immeuble séparé. Innovante ensuite, car elle incorpore de nombreuses nouveautés et se veut passive.
Son inauguration, le 27 novembre 2017, a été rehaussée de la présence du Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Elle accueille non seulement l’ambassade de Belgique mais aussi l’ambassade des Pays-Bas, l’agence de coopération ENABEL, qui a succédé à la CTB, l’Attaché économique et commercial de la Région bruxelloise et la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgo-Congolaise. « Je m’en voudrais enfin de clore ce point sans évoquer la rénovation de plusieurs bâtiments permettant d’accueillir, dans les meilleures conditions possibles, les agents expatriés ainsi que leurs familles, mais aussi celle de la Résidence dont la réception provisoire aura bientôt lieu », a-t-il souligné.
La Belgique au Conseil de sécurité
Deuxième fait, l’élection de la Belgique, le 8 juin dernier en tant que membre non-Permanent au Conseil de Sécurité des Nations-Unies pour 2019 et 2020. Depuis 1947, c’est la sixième fois que la Belgique siègera au Conseil de Sécurité. La campagne menée par la Belgique l’a été sous la devise « Bâtir le consensus. Agir pour la paix ».
Mais cette élection survient à un moment clé pour deux raisons. D’une part, parce que certains remettent en cause le multilatéralisme sur lequel se sont développées les relations internationales au cours des dernières décennies et sont tentés par le repli sur soi. D’autre part, parce qu’étant de plus en plus confrontés à des défis globaux parmi lesquels le changement climatique, la migration irrégulière, le terrorisme et les objectifs du développement. La Belgique est convaincue que, sans concertation et réponse globale, il y a risque de ne pas pouvoir apporter de solutions satisfaisantes à ces défis. La question de l’Afrique centrale au sujet de laquelle son expertise est largement reconnue constituera un des points d’attention de la Belgique dans l’exercice de son mandat.
Relations Kinshasa-Bruxelles
Le troisième fait concerne « les relations bilatérales entre la Belgique et la République démocratique du Congo qui, avec ses hauts et ses bas, sont souvent comparées à des scènes de vieux couple », a dit le Chargé d’Affaires belges. Et de préciser : « cette comparaison me laisse un peu sur ma faim. Etre un vieux couple ne signifie pas forcément connaître des hauts et des bas. Et certains couples ne vieillissent parfois pas ensemble. Ce qui n’est pas le cas de la Belgique et de la RDC ».
En fait, Philippe Bronchain a dit préférer porter son regard sur la solidité réelle des relations bilatérales qu’on aurait bien tort de limiter au seul champ diplomatique, le comparant plutôt volontiers au roseau de la fable de Jean de la Fontaine. En effet, s’il arrive que les vents les obligent à baisser la tête, ces mêmes vents, lorsqu’ils redoublent d’efforts, peuvent lui être moins redoutables qu’au chêne. D’où, dira-t-il, « si nos relations bilatérales parfois plient, elles ne se rompent pas. Elles sont en effet le reflet de la qualité, de la diversité et de l’intensité des liens qui unissent les peuples belge et congolais, qu’ils soient économiques, culturels, sportifs, académiques, familiaux ou simplement amicaux ». Dans ce cadre, a-t-il martelé, « je me réjouis de la réouverture au public, le 8 décembre prochain, après cinq ans de travaux, du Musée Royal de l’Afrique Centrale à Tervuren sous un nouveau nom, « Africamuseum », et une nouvelle identité ».
Au plan des relations diplomatiques maintenant, les canaux de communication entre la Belgique et le RDC restent grand ouverts et un dialogue est en cours, a-t-il informé, notant que la Belgique espère qu’il permettra d’aboutir à des pistes de solution aux problèmes posés par la cessation des activités de la Maison Schengen, par la fermeture des consulats généraux de Lubumbashi et d’Anvers, la réduction des fréquences de Brussels Airlines. Les modalités de fonctionnement d’ENABEL en RDC pourront aussi être abordées.
Elections en Rdc
Le quatrième fait enfin, c’est le contexte électoral dans lequel se trouve la République démocratique du Congo. Tout comme 2016, puis 2017, 2018 est consacrée à l’organisation et la tenue d’élections attendues le 23 décembre. Il est devenu commun de répéter qu’en cette année électorale, la RDC est à un tournant de son histoire ou encore que le moment est historique. C’est en effet le cas. Les élections de 2006 ont impulsé une dynamique nouvelle dans la vie politique de la République démocratique du Congo, a-t-il reconnu ; et ont répondu à une aspiration profonde de la population congolaise. Quant à la Belgique, tenir le 23 décembre 2018 des élections libres, crédibles et transparentes, et qui soient respectueuses de la Constitution et de l’Accord de la Saint-Sylvestre, c’est aller dans le sens de l’histoire. C’est répondre à cette aspiration profonde.
Coulant dans la même veine, il a rappelé que l’année qui vient sera aussi une année d’élections en Belgique puisque le 14 octobre 2018 se dérouleront les élections provinciales et communales ; et le 26 mai 2019, les élections européennes, législatives, régionales et communautaires. C’est sur cette note que M. Philippe Bronchain, Chargé d’affaires de l’Ambassade de Belgique en République démocratique du Congo a terminé son discours, en levant son verre à l’amitié entre le Belgique et la RDC.
(Emmanuel Badibanga)