Cette information a été donnée à la presse par M. Alexis Bonte, Représentant par intérim de la FAO en RDC. Pourquoi Kikwit, parce dit-il, il y a également des déplacés, donc des gens qui sont affectés par le phénomène de migration, et donc, il y a 16 000 déplacés qui sont arrivés du Kasaï vers Kikwit ; et donc ils vont, entre guillemets célébrer cette journée avec eux, et voir dans quelle mesure ils sont capables de se réinsérer socio-économiquement grâce à l’agriculture.
Pour cette année, le thème c’est : « L’avenir des migrations, il faut le changer ». L’avenir pourquoi, parce que la migration a toujours été présente sur notre planète, dans le passé et [le sera aussi] dans le futur, maintenant il faut essayer de changer les conditions, parce qu’il y a toujours environ 60 à 70 millions de migrants qui subissent une migration forcée, une migration de détresse. Il faut travailler tant en amont qu’en aval, donc sur les pays d’origine de ces gens et sur les pays d’accueil, pour que cette migration se fasse dans les meilleures conditions.
Et la raison pour laquelle on dit ‘’investir dans la sécurité alimentaire et le développement rural’’, c’est qu’on a constaté que la majorité des migrants sont issus du milieu rural, et c’est là où vous retrouvez plus de 75 % de la pauvreté. Comme pour dire que parmi les causes principales de migrations, il y a la pauvreté, ensuite il y a les conflits et puis il y a également le changement climatique.
« Donc, il faut savoir par exemple que rien que pour le changement climatique, c’est 20 millions des déplacés chaque année à cause des problèmes climatiques. Egalement, il y a deux, trois semaines on a sorti un rapport appelé SOFI [état de l’insécurité alimentaire] où on constate qu’il y a augmentation de l’insécurité alimentaire de 11 % sur la terre, principalement due aux conflits et au changement climatique. Donc, vous voyez que c’est un thème qui est très préoccupant au niveau global, et c’est la raison pour laquelle il a été choisi », a indiqué Alexis Bonte, qui se permet de dire « Sikoyo libanga ya oyo, esalama na mikili na Congo ». Vous avez les présidents Barack Obama, Nicolas Sarkozy issus de la migration. Vous voyez qu’il y a des exemples très positifs de la migration. Ici au Congo, il y a une famille qui s’appelle Prigogine, ce sont des gens qui ont migré de la Russie vers la Belgique, une partie de cette famille a eu un Prix Nobel en thermodynamique, une autre partie a migré vers le Congo et a investi beaucoup dans le développement agricole et dans le développement de tourisme.
A l’en croire, un peu partout sur la terre, il y a des exemples positifs, même au sein de nos bureaux aux Nations Unies tant au HCR qu’à la FAO, on a des collaborateurs qui sont passés à travers tous les statuts de la migration, des déplacés, des réfugiés et qui sont devenus maintenant des staffs internationaux au sein des agences. « J’ai même l’exemple d’un représentant du HCR au Soudan du Sud, d’origine somalienne qui a commencé comme réfugié, il a réussi à monter tous les échelons de son agence, et maintenant il est représentant au HCR », précise-t-il. Donc, il y a vraiment aussi beaucoup d’exemples positifs, mais malgré tout, la majorité subit des évènements assez difficiles, pour lesquels il faut travailler au mieux pour limiter cette souffrance.
La RDC pas épargnée par le phénomène de migration
Il y a quelques mois, on avait sorti un rapport au niveau d’OCHA qui expliquait qu’il y a avait 3,7 ou 3,8 millions des déplacés en RDC. Ça c’est presque 2 millions de plus que l’année précédente, et principalement dû aux conflits du Kasaï et du Tanganyika sur lesquels on s’est déjà appesanti. Donc, presque 4 millions des déplacés, c’est deux fois la population du Gabon qui est déplacée à l’intérieur de la RDC. Il y a des déplacés internes, mais également les réfugiés. Il y a environ 500 000 réfugiés qui sont arrivés en RDC, depuis la RCA, le Soudan du Sud et le Burundi. Mais il y a également 500 000 Congolais qui sont partis à l’extérieur, et je pense principalement vers l’Angola suite aux conflits du Kasaï.
« Ici, la cause principale malheureusement, ce sont les conflits, sinon, je ne pense pas que le changement climatique ait beaucoup affecté la RDC pour l’instant. Et ça n’engendre que la pauvreté en général. La pauvreté pour les gens qui se déplacent, puisqu’ils perdent tout, ils n’ont plus d’accès à la terre, et également, la pauvreté pour les communautés hôtes, les gens qui les accueillent », explique-t-il. Par exemple à Tshikapa, raconte-t-il, on avait constaté dans la grande rue de Tshikapa, sept ménages sur dix, accueillaient deux à trois personnes supplémentaires. Donc, vous vous imaginez le poids que cette migration fait ressentir sur cette population.
Un autre aspect qui est important à souligner, c’est les tensions communautaires, donc par exemple les conflits qu’il y a au Tanganyika, il va y avoir un ressentiment. Donc, ça crée beaucoup de déplacement, 500 000 déplacés au Tanganyika et ça va créer du ressentiment à long terme. Ces migrations de détresse, il faut vraiment essayer de les éviter, mais vraiment en amont du processus. Ça c’est quelque chose qui est importante, et surtout la migration, c’est une affaire de tous. Donc, il faut faire que chacun puisse développer dans son milieu des conditions de vie qui soient meilleures pour essayer de ne pas être contraint à la migration, surtout au niveau économique.
(JMNK)