La Banque mondiale a présenté hier à partir de Washington, la nouvelle édition d’Africa’s Pulse, un rapport qui analyse l’état de l’économie africaine, qui reste fragile et la reprise est modeste. Cette édition porte sur « Investir dans les compétences pour diversifier et renforcer les économies africaines ». Des journalistes de plusieurs pays africaines interagissaient par vidéoconférence avec l’équipe que conduisait M. Albert Zeufack, Economiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.
Selon le rapport, la région dans son ensemble devrait enregistrer une croissance de 2,4% en 2017, en hausse par rapport au taux de 1,3% de l’an dernier. Les perspectives économiques s’annoncent difficiles cependant inférieure au rythme de l’expansion démographique, cette croissance modérée ne suffira pas pour faire reculer la pauvreté dans la région. « La reprise économique est là, mais il reste beaucoup à faire pour conforter durablement l’assise de cette croissance », souligne Albert Zeufack, qui ajoute que sur plusieurs dimensions clés, les progrès sont timides, signe qu’il faut accorder davantage d’importance aux réformes structurelles.
Réagissant à ce rapport, M. Daniel Dekasse de L1 Economie-Mathématique à l’Université de Kinshasa, a souligné que le principal message de l’édition de ce rapport, était axé sur la reprise de la croissance du continent africain, avec 2.4% en 2017. Cette reprise est timide, parce que le taux projeté est en deçà du taux de croissance de la population qui est de 3.5% en Afrique. Pendant que le principe veut que le taux de croissance soit supérieur à la croissance démographique.
Pour lui, cette reprise de la croissance est dictée par plusieurs facteurs. Il s’agit du regain de la confiance au niveau des investissements, la stabilisation des cours des matières premières, la sortie de la récession de deux locomotives africaines : l’Afrique du Sud et le Nigeria. Soulignons qu’au deuxième trimestre, les deux locomotives du continent, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont renoué avec la croissance après respectivement deux et cinq mois de performances négatives, entrainant dans leur sillage la croissance régionale.
Par ailleurs, l’amélioration de la conjoncture internationale, à la faveur notamment de la hausse des cours des produits issus des industries extractives et du retour des flux de capitaux, a contribué à ce relèvement. Malgré des perspectives positives, le rapport met en garde contre la mollesse persistante de cette embellie, insuffisante pour accroitre le revenu par habitant en 2017.
Au regard de cette situation, l’étudiant à l’UNIKIN qui corrobore les propos d’Albert Zeufack pense qu’il faut réduire les incertitudes politiques qui pèsent sur l’économie et qui peuvent avoir des incidences sur l’ensemble de l’économie dans le long terme. Dans le court terme, il conseille la signature par la Rdc et les institutions de Bretton Woods d’un programme formel. « Nous sommes dans la bonne voie, il y a de l’espoir. La situation actuelle ne va pas perdurer, c’est juste un problème de volonté politique », termine-t-il.
Accroître la marge budgétaire
Dans un communiqué de presse rendu public à cet effet, M. Albert Zeufack, Economiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique affirme que la plupart des pays africains n’ont pas de marge de manœuvre suffisante pour faire face à la volatilité de la conjoncture et doivent s’efforcer d’élargir un espace budgétaire, souvent restreint, grâce à des politiques de finances publiques judicieuses. Ils doivent également mettre en place des mesures structurelles pour résister aux chocs, stimuler la productivité, renforcer les investissements et favoriser la diversification de l’économie.
Voulant adapter ce rapport à la situation congolaise, Moïse Tshimenga, Economiste à la Banque mondiale estime que la Rdc est secoué par la crise comme un certain nombre des pays d’Afrique. Elle souffre d’un certain nombre des mots qui tiennent à la marge budgétaire faible pour pouvoir financer les investissements. Pour faire face à cette situation, il conseille de mettre en œuvre les réformes fiscales pour accroitre les recettes publiques, parce que sans recettes, toute politique à mettre en œuvre serait difficile à envisager. Il faut aussi cibler ou promouvoir les investissements capables de soutenir la résistance de l’économie congolaise face aux chocs de la conjoncture internationale.
Alors qu’ils sont en quête de nouveaux moteurs de croissance garants d’un essor économique durable et partagé, les pays africains s’intéressent de plus en plus à la question du renforcement des compétences. Avec la taille de sa population en âge de travailler, la région possède en théorie une carte maîtresse pour réduire la pauvreté et favoriser une meilleure répartition des richesses. Néanmoins, le niveau de qualification de la main-d’œuvre, le plus faible du monde, est un sérieux obstacle à la croissance et ce, en dépit d’investissements publics considérables dans l’éducation.
Et selon le rapport, qui consacre un chapitre entier à ce sujet, la meilleure stratégie pour favoriser simultanément l’accroissement de la productivité, l’insertion de tous et l’adaptabilité consiste à investir dans les compétences fondamentales des enfants, des jeunes et des adultes. Les pays doivent donc privilégier le renforcement des compétences de base de leur main-d’œuvre active et celles des prochaines générations.
(Jean-Marie Nkambua)