« L’impact de l’instabilité socio politico-religieuse sur le mariage et la famille. Cas de la région du Grand Kasaï », tel est le thème ayant milité en faveur d’une importante conférence-débat tenue ce mercredi 27 septembre 2017 dans la salle Kibuni, à Kinshasa Mont Ngafula. Plusieurs personnalités politico-administratives, la crème scientifique, Organisations de la société civile et autres ONGs de droit de l’homme, des pasteurs, des notabilités essentiellement kasaïennes,… y avaient pris part.
Un thème qui tombe à pic
La République démocratique du Congo est devenue un théâtre d’hostilités, mieux l’un des pays africains qui ne respirent qu’au rythme des affres de guerres. Plus de 50 groupes armés dans l’Est du pays, constituent un véritable cauchemar qui n’est pas sur le point de dire son dernier mot. Qui pis est, ces 12 derniers mois ont été marqués par des événements malheureux attribués au mouvement insurrectionnel Bundu dia Mayala, d’un député mystico-religieux. Et cela, à Kinshasa la capitale, là où bat le cœur de la République. La question demeure jusqu’ici mystérieuse…
Mais le thème choisi pour cette conférence, concerne particulièrement un autre foyer de tension : le Grand Kasaï. A la faveur du découpage territorial, on est parti d’une province à deux, puis à cinq actuellement pour uniquement cet espace. C’est en effet l’année passée que le Kasaï occidental s’est vu subdivisé en deux : le Kasaï et le Kasaï central ; quant au Kasaï oriental, cette région a engendré deux autres : le Sankuru et la Lomami. Parler de l’instabilité socio politico-religieuse sur le mariage et la famille, renvoie de prime abord à l’absence, sinon à la limite, à la faiblesse de l’Etat dans ce coin de la Rdc. Tout est le fruit d’une instabilité politique à tous les niveaux, dont le déclanchement c’est l’absence des élections à l’échéance 2016, avec les tireurs de ficelles à Kinshasa, voire très loin encore.
Un contraste, certes. De par sa nature, le Kasaïen est pacifique. Le Kasaïen n’est pas belliqueux. Si dans le passé des mouvements sécessionnistes y étaient enregistrés, certains fils du Kasaï avaient simplement joué le jeu de l’ennemi, sans trop de discernement. Malheureusement, c’est avec leur complicité qu’ont été atteints leurs objectifs. L’histoire se répète avec la mort du Chef Kamwuina Nsapu, et toute l’apocalypse qui s’en est suivie. Dans les secrets des dieux, c’est là le nœud du problème.
Sans vouloir dégrainer tout le chapelet de malheur dont le Kasaïen est victime à la lumière de cette tragédie, l’on soulignera au moins que des rapports concordants font état d’un bilan macabre de plusieurs centaines de morts, enterrés généralement dans des fausses communes, d’autres dans des conditions très précaires. Comme si cela ne suffisait pas, des millions de déplacés ont trouvé refuge en Angola voisin ou dans l’ex Bandundu.
Dans tout cela, c’est la femme et l’enfant qui ont payé le lourd tribut. Des familles entières sont déchirées, si pas toutes décimées. L’instabilité et l’insécurité sont totale dans cette partie du pays qui aura du mal à se remettre débout de sitôt. Ceci vient s’ajouter aux traditionnels mariages précoces, la cherté de la dot, les viols à répétition, des grossesses généralement indésirables et très rapprochées, des divorces récurrents,… souvent enregistrés dans cette partie du pays qualifiée de laissée-pour-compte par maints observateurs.
C’est là le calvaire kasaïen qui, tout compte fait, a suscité débat et interpellation des invités à la conférence-débat. Mission visiblement atteint pour l’orateur qui n’est pas allé par quatre chemin, ou mis un gant de velours sur une main de fer pour dénoncer ce fléau. Quant à d’autres préoccupations non soulevées faute de temps, Sylvain Panu a communiqué ses coordonnées afin de répondre à ceux qui voudraient bien le contacter soit par lettres manuscrites, soit par mails.
Quid de l’orateur
Sylvain Panu Mizeka est né à Mbuji-Mayi, le 24 novembre 1970. Fils d’Alidor Badibanga et d’Alphonsine Tshala, originaire du territoire tshisekediste de Kabeya Kamwanga, Bakwa-Ntombolo. Prêtre, il est actuellement doctorant de l’Université de Fribourg en Suisse.
(Emmanuel Badibanga)