Un mouvement de grève s’est déclenché mardi dernier à l’Onatra, transformé en Société Commerciale des Transports et Ports (SCTP), par les agents de cette entreprise publique de l’Etat. Motif, réclamation de six mois de salaires non payés, a-t-on appris des agents manifestement très hystériques contre les professionnels des médias, à la recherche d’une moindre information. Pourtant, le mouvement de grève étant légal et reconnu par les lois de la République, ces grévistes s’en prennent aux médias jugés proches du pouvoir. Une erreur grossière dans la sphère médiatique, du fait que le traitement de l’information est impartiale, surtout en ce qui concerne des cas sociaux des agents et cadres de cette entreprise, dont le destin semble s’acharner contre eux.
Ces grévistes s’en prennent à tout passant, se déchainent à moindre mouvement d’un corps étranger. Devant leur bâtiment administratif, ils brulent des pneus. Ils entonnent chants hostiles aux responsables de la Société. Du moins, six mois de non-paiement de leurs salaires est de trop pour ces agents dont la plupart sont responsables de ménages et plusieurs familles et enfants à scolariser, soigner et nourrir. Humainement parlant, même du point de vue divin, « tout ouvrier mérite son salaire », dit la Bible, au risque d’encourir le châtiment divin contre ceux qui ne paient pas leurs agents.
Pour Maker Makanda, membre de la délégation syndicale de la Société Commerciale des Transports et Ports, l’entreprise ne réalise plus de recettes en raison de l’immobilisme des deux bateaux, notamment « Kokolo et Gungu » faute de carburant, en plus de la voie ferrée non rentable par manque de locomotives. Interrogé par Top Congo, le délégué syndical précise ce qui suit : « La manifestation d’aujourd’hui n’est qu’une manifestation de cet que vous avez appris, les agents sont impayés ça fait six mois ; ils n’arrivent pas à faire face à leurs besoins, besoins d’ordre sociaux et sont devant une réalité qui ne dit pas son nom. C’est pourquoi, aujourd’hui ils sont dehors ; ils ont attendu beaucoup les promesses des autorités. Hélas, il n’y a pas de suites prometteuses. Nous sommes une entreprise de transports et de service…», a-t-déclaré.
D’ajouter que les deux bateaux, notamment « Kokolo » et « Gungu » ont été réhabilités dans le but propagandiste et prestigieux de la part des autorités politiques. En somme, ces deux ouvrages flottants ne rendent à l’Entreprise les recettes attendues ; ils ne sont pas productifs à l’entreprise. « Il nous fallait des types de bateaux adaptés à notre exploitation. C’est vrai, il y a Kokolo qui est là, l’Etat doit nous subventionner pour faire fonctionner ces unités. Rien que pour le carburant, nous sommes à 1000 m3 pour un seul voyage Kinshasa-Kisangani. Mais, la SCTP n’a pas de possibilités », a-t-il fait savoir. Par ailleurs, il indique que la SCTP est une entreprise de l’Etat. Ce denier doit ouvrir l’œil et le bon pour la subventionner, et d’ailleurs ajoute-t-il, que l’Etat dispose des créances de cette entreprise, à hauteur de 4 millions de dollars américains, dont les agents réclament sa relance. « Qu’ils nous assistent, ou qu’ils nous donnent ou nous achètent les matériaux qu’il faut », a-t-il mentionné.
Sinon, la Société Commerciale des Transports et Ports a besoin de locomotives, de wagons pour faire fonctionner la voie ferrée en assurant le trafic Kinshasa-Matadi, et les clients n’en manquent pas, et que l’entreprise n’arrive pas à les servir par manque de matériels.
La SCTP au cœur de la concurrence défavorable
De sa part, Lewis Bamboka, le Directeur Général de la Société Commerciale des Transports et Ports reconnait que la SCTP fait face aux multiples problèmes, dont la présence à Matadi de plusieurs ports avec nouveaux matériels, tandis que l’ex Onatra est confronté à la vétusté de matériels qui datent de l’époque coloniale.
En outre, l’entreprise enregistre un déficit de 116.000 dollars chaque voyage entre Kinshasa-Kisangani par l’ITB Kokolo, et espère un appui financier du Gouvernement de la République. « La SCTP a des problèmes qui sont multiples. Le premier problème, est la réduction drastique du trafic maritime international. Au jour d’aujourd’hui, je vous dis depuis 5 jours, nous n’avons même pas un seul bateau au port de Matadi. Si la production a baissé, les recettes vont sensiblement baisser ; la deuxième chose c’est la concurrence. Nous ne sommes plus seuls dans ce secteur-là. Il faut compter avec la concurrence, nous sommes entourés de plusieurs ports et la part du marché est divisée en trois ou quatre. Ce qui signifie que lorsque nous étions en train de réaliser 100%, aujourd’hui nous ne réalisons que 40%, l’autre part est partie à la concurrence », a-t-il fait cette mise au point.
(Pius Romain Rolland )